戴望舒 (Dai Wangshu)

Les oeuvres du poète Dai Wangshu traduits en française

la ruelle sous la pluie  Ma mémoire 


la ruelle sous la pluie

 Avec un parapluie en papier huilé, seul 
je déambule dans une longue et longue 
 ruelle solitaire, sous la pluie 
 et j'espère rencontrer 
 une jeune fille aussi triste 
 qu'une fleur de lilas
 

 EIle aura 
   la couleur du lilas 
  le parfum du lilas 
  et la tristesse de lilas. 
 Elle soupirera sa plainte dans la pluie, 
triste et mélancolique. 

  Elle déambulera dans cette ruelle solitaire 
avec comme moi 
un parapluie en papier hui1é 
et comme moi 
elle marchera en silence 
 froide, seule et triste. 
 

 Elle s'approchera sans bruit 
   et à cet instant me jettera 
  un regard qui soupire 
 puis elle passera comme un rêve 
 un rêve vague et triste. 
 

 Comme un lilas 
 qui passe, fulgitif dans un rêve 
  cette jeune fille me croisera 
 et s'éloignera en silence 
 dépassant la haie délabrée 
 pour dispara?tre au bout de la ruelle, 
  sous la pluie. 

 Dans l'air mélancolique de la pluie
 se trouveront effacée sa couleur
éclipsé son parfum
 disparus même son regard
  qui soupire
 et sa tristesse de lialas.

 Avec un parapluie en papier huilé, seul 
 je déambule dans une longue et longue 
 ruelle solitaire, sous la pluie 
 et j'espère rencontrer 
 une jeune fille aussi triste 
 qu'une fleur de lilas.  
 
      
    雨巷


撑着油纸伞, 
 独自彷徨在悠长、悠长 
又寂寥的雨巷, 
我希望逢着 
一个丁香一样地 
结着愁怨的姑娘。 
 

 她是有 
丁香一样的颜色, 
丁香一样的芬芳, 
丁香一样的忧愁, 
在雨中哀怨, 
哀怨又彷徨;

  她彷徨在这寂寥的雨巷 
 撑着油纸伞 
像我一样, 
像我一样地 
  默默行着 
冷漠,凄清,又惆怅。 
 

她静默地走近 
 走近,又投出 
太息一般的眼光 
 她飘过 
像梦一般地, 
像梦一般地凄婉迷茫。 

像梦中飘过 
一枝丁香地, 
我身旁飘过这女郎; 
她静默地远了,远了, 
到了颓圮的篱墙, 
走尽这雨巷。 

在雨的哀曲里, 
消了她的颜色, 
  散了她的芬芳, 
消散了,甚至她的 
太息般的眼光, 
丁香般的惆怅。 

 撑着油纸伞,独自
 彷徨在悠长,悠长
 又寂寥的雨巷,
 我希望飘过
一个丁香一样地
结着愁怨的姑娘。


Ma mémoire

Ma mémoire m’est fidèle,
Fidèle plus que ne l’est mon meilleur ami.

Elle est sur un mégot incandescent,
Elle est sur un pinceau dessinant des lys,
Elle est sur un très vieux poudrier,
Elle est sur les baies d’un mur croulant,
Elle est sur une bouteille d’alcool à moitié bue,
Sur les brouillons déchirés de poèmes d’autrefois, sur des pétales de fleurs redoutant de sécher,
Sur une lampe triste et sourde, sur des eaux calmes,
Sur toutes les choses qui ont une âme, qui n’ont pas d’âme,
Elle est partout, pareille à moi qui suis dans ce monde.

Elle est peureuse, elle craint la clameur des gens,
Mais aux moments de solitude, elle vient alors à moi en visite intime,
Sa voix est ténue,
Mais son discours est très long, très long,
Très long, très pointilleux, et jamais ne se consent à cesser :
Son discours est suranné, raconte toujours les mêmes histoires,
Son intonation est harmonieuse, chante toujours les mêmes chansons,
Par moment elle imite encore la voix d’enjôleuses jeunes filles,
Sa voix est sans vigueur,
Et s’y mêlent encore des larmes, s’y mêlent de profonds soupirs.

Ses visites n’ont rien de fixe,
À n’importe quel moment, à n’importe quel endroit,
Voire même quand déjà couché, recru je voudrais dormir,
Les gens diraient qu’elle est impolie,
Mais nous sommes de vieux amis.

C’est par méticulosité qu’elle ne consent jamais à s’arrêter,
À moins que je ne pleure à grosses grosses larmes ;
Mais je ne la détesterai jamais,
Parce qu’elle m’est fidèle.

我的记忆

我的记忆是忠实于我的
忠实甚于我最好的友人,
它生存在燃着的烟卷上,
它生存在绘着百合花的笔杆上,
它生存在破旧的粉盒上,
它生存在颓垣的木莓上,
它生存在喝了一半的酒瓶上,
在撕碎的往日的诗稿上,
在压干的花片上,
在凄暗的灯上,
在平静的水上,
在一切有灵魂没有灵魂的东西上,
它在到处生存着,
像我在这世界一样。
它是胆小的,
它怕着人们的喧嚣,
但在寂廖时,
它便对我来作密切的拜访。
它的声音是低微的,
但它的话却很长,很长,
很长,很琐碎,而且永远不肯休;
它的话是古旧的,
老讲着同样的故事,
它的音调是和谐的,
老唱着同样的曲子,
有时它还模仿着爱娇的少女的声音,
它的声音是没有气力的,
而且还挟着眼泪,夹着太息。
它的拜访是没有一定的,
在任何时间,在任何地点,
时常当我已上床,朦胧地想睡了;
或是选一个大清早,
人们会说它没有礼貌,
但是我们是老朋友。
它是琐琐地永远不肯休止的,
除非我凄凄地哭了,
或者沉沉地睡了,
但是我永远不讨厌它,
因为它是忠实于我的。


中国诗歌库 中华诗库 中国诗典 中国诗人 中国诗坛 首页